L’information du public sur la présence de COV (composés organiques volatils) dans les locaux qu’ils fréquentent – logements, ERP-, eux ou leurs enfants, fait partie des priorités des autorités sanitaires françaises, en particulier de l’OQAI (Observatoire de la qualité de l’Air Ambiant). Ces composés volatils peuvent être émis par les matériaux et les activités humaines se trouvant dans la pièce, et potentiellement évacués par des opérations de ventilation (VMC, ouverture de fenêtres).
Les dangers pour la santé des occupants ne sont pas liés à la présence de COV mais à une concentration trop importante. « Les pommes que nous mangeons émettent naturellement du Formaldéhyde par exemple, nous explique Jean-François Lacoste, responsable technique et environnement chez Forbo, lequel composant fait pourtant partie des COV dont la production doit être limitée. Un grand nombre de COV se dégagent pendant la cuisson d’un steack ou plus simplement des parfims ». Mais comme on ne peut pas interdire aux pommes de dégager le formaldéhyde, le régulateur a choisi de demander aux fabricants de matériaux impliqués dans la construction et la décoration, de prendre leur part du défi !
Cette exigence porte donc sur la déclaration de l’émission, par les revêtements de sol par exemple, de 10 composés différents.
« Pour obtenir la classe supérieure, à savoir A+, il faut à la fois remplir les conditions pour chacun de ces dix COV, mais également rester en dessous de 1000 µg/m³ de TCOV pour leur total » poursuit le technicien.
Bonne nouvelle pour les maîtrises d’ouvrages et même les propriétaires de maisons individuelle, les revêtements de sol souples font partie des produits faiblement émissifs. Chez Forbo par exemple, les linoleums obtiennent des résultats inférieurs à 100 µg/m³et certains sols PVC descendent même sous les 20 µg/m³. Des mesures réalisées en laboratoire, selon des méthodes d’essai estampillées ISO 16000, qui enregistrent les émissions après 3 jours puis après 28 jours de pose, dans des conditions normalisées de température et d’hygrométrie.
De quoi obtenir largement le droit d’apposer la classe A+ sur l’étiquette dont la présence est obligatoire sur tous les matériaux liés à la construction et à la décoration, depuis septembre 2013. L’étiquette est obligatoire, mais pas l’utilisation de matériaux disposant de cette classe en revanche, le choix étant laissé au maître d'ouvrage.
Plus généralement, les revêtements de sol souples et leurs fabricants font plutôt partie des bons élèves en matière d’émissions de composés. Ils ont même de l’avance sur les exigences du régulateur, par exemple lorsque celui-ci, dans le cadre du Grenelle de l’environnement, a fixé des valeurs guides pour la présence de Benzène et de Formaldéhyde, puis de CO2 (Dioxyde de carbone) dans les ERP accueillant notamment des jeunes enfants. « Nous parlons cette fois de l’air ambiant, et non plus des émissions par les produits. Pour résumer, il est prévu que les gestionnaires des ERP effectuent des mesures régulières de la présence de ces trois composants, dont le troisième n’est pas un COV mais représente tout de même un marqueur significatif de la qualité de l’air ambiant et de son confinement, avec le degré d’humidité d’ailleurs ».
L’OQAI a d’ailleurs devancé la parution des décrets d’application - prévus incessamment – pour lancer une campagne de mesure dans les écoles maternelles, qui sont les premiers ERP visés par l’obligation de surveillance de la qualité de l’air, et dans des immeubles de bureaux.
Chez Forbo, Jean-François Lacoste est particulièrement serein, puisque les produits de la marque ne dégagent pas de benzène ou de formaldéhyde, et qu’ils ne sont pas concernés non plus par les dégagements de CO2. Un positionnement pas si « neutre » qu’il n’y parait. « Bien sûr, il faut se réjouir que les sols souples ne dégradent pas la qualité de l’air ambiant. Mais il faut même aller plus loin. Dans la mesure où la réglementation suggère aux gestionnaires d’ERP de rester en dessous de certains seuils, sous peine d’amendes s’ils ne font pas les mesures adéquates, et avec des évacuations des établissements lorsque certains seuils sont dépassés, le choix de produits neutres ou très faiblement émissifs leur procure des marges supplémentaires dans leur utilisation d’autres matériaux ». C’est évidemment un point à considérer, sur le moyen terme, puisque la réglementation ne peut aller qu’en se durcissant.