Dans le quartier de la Bibliothèque de France, en bord de l’avenue éponyme, l’immeuble T8 (dit « le nid »), conçu par l’architecte Rudy Ricciotti, s’inscrit dans un projet d’ensemble voulu l’architecte coordonnateur du quartier, Pierre Gangnet, et y installe une identité forte, basée sur une double mise en scène :
Au-delà de la démarche esthétique, la réalisation du T8 affiche une démarche ambitieuse en termes de développement durable, visant notamment une consommation en énergie inférieure de 30 % à la réglementation en vigueur. Il abritera, dès juillet 2014, 8000 m2 de commerces et 17500 m2 de bureaux – le solde étant dévolu à des logements. Les bureaux seront occupés par les services de l’urbanisme, de la voirie et des déplacements de la Mairie de Paris, qui a racheté l’immeuble en VEFA (Vente en futur état d’achèvement) au promoteur Nexity.
« Nous nous sommes vu confier l’aménagement intérieur des plateaux, livrés bruts » explique Hugo Bléas, associé du cabinet d’architectes Bléas et Leroy. Une mission qui a commencé par une étude de conception de 7 mois, portant notamment sur le choix des cloisonnements, des agencements intérieurs ou encore des revêtements de sol. Et qui va se poursuivre, après l’appel d’offres gagné par Eiffage, par la mise en place des aménagements.
« Nous avons été surpris par les exigences des utilisateurs finaux des bureaux », relève l’architecte. « D’habitude, lorsque les maîtrises d’ouvrage les associent au projet dès la conception des bureaux, ce qui est une bonne chose car ils vont y travailler, les préoccupations portent sur l’acoustique, le confort et l’ambiance visuelle. Mais là, pour la première fois, une grosse inquiétude s’est exprimée à propos de la qualité sanitaire des locaux ». Une première pas si surprenante, si l’on considère le propos de Ricciotti sur les performances environnementales du T8, forcément entendu par les futurs occupants des locaux.
Autre surprise, concomitante, les utilisateurs avaient déjà des pistes pour les revêtements de sol. « Ils sont arrivés avec une proposition de Flotex, le textile hybride de Forbo, que, je l’avoue, je ne connaissais pas à l’époque ». Mais Hugo Bléas se documente rapidement et trouve « l’idée d’un visuel type résine avec un toucher moquette intéressante, son principe de fabrication et ses qualités sanitaires, notamment en matière de nettoyage, tout à fait pertinents. »
Car le Flotex, avec son nylon imputrescible, facilite l’entretien mais aussi le remplacement des dalles (50 x 50 cm). Un point important quand on aménage des bureaux pour la première fois souligne l’architecte : « En général, on pose les revêtements au sol avant toute chose et les cloisons sont montées ensuite. D’où des risques de détérioration. Avec ces dalles plombantes, le remplacement est aisé ».
Le choix s’est porté sur une teinte beige mastic (Pepper), qualifiée d’assez « mode », surtout avec le calepinage de motifs violets Montana. Parmi les autres points examinés avec attention, l’acoustique et le coefficient de réflexion lumineuse (LRV pour light reflectance value) qui atteint un 11 suffisant selon l’architecte. « Au-delà, il faut utiliser des couleurs beaucoup plus claires, ce qui pose d’autres problèmes ».
Le projet d’aménagement intérieur a été présenté à la maîtrise d’ouvrage et aux représentants des futurs occupants qui l’ont validé. Côté sols, outre les 14 000 m2 de Flotex, 3400 m2 d’Allura Flex (motif béton ciré) vont servir de support pour les circulations. Et Hugo Bléas tient à cette différenciation pour une raison… surprenante : il veut du bruit.
Explications : « Dans ces immeubles HQE, le silence est redoutable. Du coup, le moindre bruit est perçu de façon exacerbée. Or du bruit, il y en a toujours. Alors, autant l’organiser, le rendre acceptable. Pour cela, certains concepteurs d’open-spaces vont même jusqu’à rajouter des générateurs de bruits ».
A la recherche d’une solution plus économique et plus simple, Hugo Bléas a préféré tirer de qualités complémentaires des deux produits retenus. D’abord, la densité du Flotex, qui ne s’enfonce pas sous les pas et permet des calepinages aisés avec d’autres revêtements de sol PVC, sans nécessiter l’installation de profils de transition. Ensuite, la performance acoustique à la marche de l’Allura Flex (14dB), dont la différence marquée avec celle du Flotex, aide à résoudre deux contraintes : d’une part, aider les non-voyants à se repérer à l’oreille, d’autre part, créer des zones de bruit et par ricochet, des bulles de silence dans les bureaux. Faire du bruit pour mieux obtenir le silence, une innovation surprenante, décidément !